Conversation, est un récit initiatique écrit à la manière d'un conte, un dialogue entre un homme sur le déclin et un homme en devenir. Après une dure journée de travail, ils se retrouvent autour de la table familiale et discutent de différents sujets dont la création de l'univers ou l'exil. Des formes en papier recyclé sont agencées au sol tel un inventaire. Chaque jour et à une heure précise, elles sont assemblées par l’artiste. Ces sculptures nomades et compactes qui sont montées et démontées régulièrement font échos aux problématiques d’espace, d’impact et d’empreinte sur notre environnement, enjeux personnels et collectifs.
Acte 1
C’est l’histoire d’une maison en carton. Nous sommes en été. Le ciel est orangé. Après une longue journée de labeur, deux hommes sont assis à la table familiale, jouent aux échecs et contemplent le coucher du soleil. Le cœur du jeune homme est lourd. Il décide d’en faire part à son grand-père.
- Je suis tracassé grand-père, puis-je t’en parler?
- Bien sur, dis moi ce qui te tourmente.
- Je suis impatient et il me brûle de savoir.
- Il te brûle de savoir?
- J’ai envie de découvrir le monde!
- Ah, je comprends... et c’est un sentiment formidable alors pourquoi tant de soucis ?
- L’idée de te quitter me peine énormément.
- Je te rassure, tu n’es pas encore parti et nous avons besoin de toi ici. Les pommes ne vont pas se ramasser toutes seules. Et le jour où tu devras partir tu partiras, ne t’en fais pas.
Le jeune homme sourit. Les mots de son grand-père le rassurent.
- De quoi puis-je te parler qui pourrait étancher ta soif de découverte et de savoir?
Le petit-fils prend son temps et répond.
- Souvent la nuit, même après ton coucher, je contemple le ciel et les étoiles. Je me questionne au sujet de l’univers, des planètes, de la Terre et des saisons.
L’homme âgé se lève, prend une feuille et un crayon. Il se met à dessiner le cosmos, la voie lactée, le système solaire, les saisons, la nuit et le jour et ajoute d’une voix éteinte, déjà concentré sur ses traits:
- Tu garderas ceci avec toi afin de ne pas oublier…
Acte 2
Nous sommes en hiver. Le ciel est plus noir que jamais. La foudre tombe et le tonnerre gronde. Après une nouvelle journée de labeur, les deux hommes sont assis à la table familiale. Les yeux du vieil homme sont humides.
- Je n’entends quasiment plus le bruit des choses…
- Tu veux dire que tu n’entends pas l’écho de la foudre? Tu n’entends pas la pluie ?
- À peine… Je n’entends plus les oiseaux chanter le matin. Je n’entends même plus ta grand-mère me parler la nuit, dans mes rêves et je dois me concentrer pour t'entendre alors je lis sur tes lèvres.
L’adolescent se lève, s’approche et inspecte avec une infinie tendresse les oreilles de son grand-père.
- Elles sont belles et grandes tes oreilles. Elles m’ont toujours impressionnées.
- …
- Puisque tu entends moins bien, je te propose d’enregistrer une liste de sons sur un dictaphone que tu pourras coller à ton oreille quand tu entendras mal ou quand simplement un son te manquera. Qu’en dis-tu?
- J’aime beaucoup cette idée (sourire).
Le jeune homme se mit en quête de sons.
Acte 3
- Tu penses que plus loin il y aura d’autres champs? D’autres pommiers? Tu penses que plus loin nous aurons de l’eau?
Nous sommes en automne. Le ciel est bleu pâle. L’air est chaud. Deux hommes démontent leur maison en carton et contemplent le paysage aride, autrefois occupé par des pommiers où les oiseaux savaient chanter.
- Je ne sais pas répondre à cette question…
- C’est donc ce qu’on nomme l’exil.
- Oui (sourire), être obligé de vivre ailleurs à défaut de là où l’on vit habituellement, où l’on aime vivre. On se sentira étranger au début, peut être mis à l’écart mais espérons que les nouvelles terres seront bonnes. Il faudra s’ajuster et travailler… Allez, aide-moi à plier nos murs et notre toit. Aide-moi à ranger notre table, nos outils. Et n’oublie pas nos échecs, jeu des rois et roi de jeux.
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Conversation
Conversation, est un récit initiatique écrit à la manière d'un conte, un dialogue entre un homme sur le déclin et un homme en devenir. Après une dure journée de travail, ils se retrouvent autour de la table familiale et discutent de différents sujets dont la création de l'univers ou l'exil. Des formes en papier recyclé sont agencées au sol tel un inventaire. Chaque jour et à une heure précise, elles sont assemblées par l’artiste. Ces sculptures nomades et compactes qui sont montées et démontées régulièrement font échos aux problématiques d’espace, d’impact et d’empreinte sur notre environnement, enjeux personnels et collectifs.
Acte 1
C’est l’histoire d’une maison en carton dans une forêt de pommiers. Nous sommes en été. Le ciel est orangé. Après une longue journée de labeur, deux hommes sont assis à la table familiale, jouent aux échecs et contemplent le coucher du soleil. Le cœur du jeune homme est lourd. Il décide d’en faire part à son grand-père.
- Je suis tracassé grand-père, puis-je t’en parler?
- Bien sur, dis moi ce qui te tourmente.
- Je suis impatient et il me brûle de savoir.
- Il te brûle de savoir?
- J’ai envie de découvrir le monde!
- Ah, je comprends (sourire) et c’est un sentiment formidable alors pourquoi tant de soucis ?
- L’idée de te quitter me peine énormément.
- Je te rassure, tu n’es pas encore parti et nous avons besoin de toi ici. Les pommes ne vont pas se ramasser toutes seules (rire). Et le jour où tu devras partir tu partiras, ne t’en fais pas.
Le jeune homme sourit. Les mots de son grand-père le rassurent.
- De quoi puis-je te parler qui pourrait étancher ta soif de découverte et de savoir?
Le petit-fils prend son temps et répond.
- Souvent la nuit, même après ton coucher, je contemple le ciel et les étoiles. Je me questionne au sujet de l’univers, des planètes, de la Terre et des saisons.
L’homme âgé se lève, prend une feuille et un crayon. Il se met à dessiner le cosmos, la voie lactée, le système solaire, les saisons, la nuit et le jour et ajoute d’une voix éteinte, déjà concentré sur ses traits:
- Tu garderas ceci avec toi afin de ne pas oublier…
Acte 2
Nous sommes en hiver. Le ciel est plus noir que jamais. La foudre tombe et le tonnerre gronde. Après une nouvelle journée de labeur, les deux hommes sont assis à la table familiale. Les yeux du vieil homme sont humides.
- Je n’entends quasiment plus le bruit des choses…
- Tu veux dire que tu n’entends pas l’écho de la foudre? Tu n’entends pas la pluie ?
- À peine… Je n’entends plus les oiseaux chanter le matin. Je n’entends même plus ta grand-mère me parler la nuit, dans mes rêves et je dois me concentrer pour t'entendre alors je lis sur tes lèvres.
L’adolescent se lève, s’approche et inspecte avec une infinie tendresse les oreilles de son grand-père.
- Elles sont belles et grandes tes oreilles. Elles m’ont toujours impressionnées.
- …
- Puisque tu entends moins bien, je te propose d’enregistrer une liste de sons sur un dictaphone que tu pourras coller à ton oreille quand tu entendras mal ou quand simplement un son te manquera. Qu’en dis-tu?
- J’aime beaucoup cette idée (sourire).
Le jeune homme se mit en quête de sons.
Acte 3
- Tu penses que plus loin il y aura d’autres champs? D’autres pommiers? Tu penses que plus loin nous aurons de l’eau?
Nous sommes en automne. Le ciel est bleu pâle. L’air est chaud. Deux hommes démontent leur maison en carton et contemplent le paysage aride, autrefois occupé par des pommiers où les oiseaux savaient chanter.
- Je ne sais pas répondre à cette question…
- C’est donc ce qu’on nomme l’exil.
- Oui (sourire), être obligé de vivre ailleurs à défaut de là où l’on vit habituellement, où l’on aime vivre. On se sentira étranger au début, peut être mis à l’écart mais espérons que les nouvelles terres seront bonnes. Il faudra s’ajuster et travailler… Allez, aide-moi à plier nos murs et notre toit. Aide-moi à ranger notre table, nos outils. Et n’oublie pas nos échecs, jeu des rois et roi de jeux.
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